DOMINANT EN PANIQUE

Voilà le topo: mes deux chevaux vivent chez moi: Ténor, 31 ans, aveugle depuis cet automne, et Indiana, 20 ans, pétant la forme, que je viens de remettre au travail sur du dressage monté et travail à pied type spectacle en utilisant (ou du moins en tentant d'approcher) la philo de Fred Pignon...
Indiana est clairement le dominant et l'a toujours été (dirige l'autre dans la pâture, surtout maintenant, lui interdit l'accès au foin dans le pré, ...)
Il accepte parfaitement de partir bosser tout seul, même en extérieur, mais se met en transe dès que j'emmène le vieux qque part, que ce soit en pâture ou marcher en carrière.
Aujourd'hui, j'ai essayer de mettre pépère en pâture et d'emmener Indiana bosser en longe sur la carrière, qui est au bord de la pâture... Donc il le voyait... Oh là là !!! Le premier quart d'heure fût très problématique: galop effréné en hennissant de panique, les yeux exorbités... Finalement, il s'est calmé quand j'ai commencé à lui demander ses exercices de flexion... Et il a super bien bossé !!
Pendant ce temps-là, l'autre était imperturbable...
Donc je m'interroge: est-ce vraiment le comportement d'un dominant qui ne conçoit pas que son subordonné échappe à sa gestion, ou est-ce autre chose... Et comment le gérer à votre avis ???
Merci des éléments de réponse que vous pourrez m'apporter...

Pour moi rien à voir avec la dominance mais l'instant grégaire et un soucis de séparation. Il semble angoisser parce qu'il est séparé , quand il ne le voit plus visiblement il s'en réfère à toi mais il est déconnecté quand il le voit.
Moi je travaillerai à faire des demi tour , revenir , repartir , et l'occuper beaucoup avec des demandes , qu'il ne soit focalisé que sur toi , recule stop repart etc. Et pauses quand il se calme , peut être travailler dans un premier temps dans la direction de son copain et éloigner petit à petit s'il s'énerve demander plein de choses transitions etc Et pauses dans la direction opposée par exemple.

Tout à fait d'accord avec Clemss Ca n'a rien à voir avec de la dominance. Indiana a tout simplement peur de se retrouver seul sans son copain de pré. Il faut donc y aller très progressivement avec lui, lui montrer qu'avec toi, c'est bien aussi et qu'il retrouvera toujours son pote après le boulot Pourquoi ne pas commencer à bosser dans leur pré directement, si c'est possible ?
Arme-toi de patience, fais comme si tu avais touuuuuut le temps devant toi et soit compréhensive avec lui

Deux chevaux ensemble, c'est, je pense, la configuration la plus compliquée quand on veut en sortir un des deux.

J'ai pas compris, tu dis que Indiana, je cite "accepte parfaitement de partir bosser tout seul, même en extérieur" mais qu'il se met en transe " dès que j'emmène le vieux qque part"

Donc c'est quand Indiana est seul au pré et que l'autre part le problème?

Mais après tu parles d'exercices de flexion... donc c'était à qui?

En fait, ils vivent tous les 2 en box ensemble et je ne les mets en pâture que pour la détente, faire marcher Ténor (31 ans), et parce qu'un cheval, ben c'est fait pour marcher à l'air libre... Quand le vieux cheval reste au box, pas de problème, Indiana travaille super bien, je peux quitter les installations pour aller en trotting, no prob... Il réagit uniquement s'il sait que Ténor n'est plus au box... Peut-être est-ce de la jalousie, genre "PFFFF, il est au pré et moi je travaille ????" hou là, attention, je fais de l’anthropomorphisme...Yuna, c'est Indiana qui fait les exercices de flexion...
De même, les jours où il pleut, j'emmène quand même Ténor marcher en carrière car il a failli mourir l'année dernière à cause d'une grosse fonte musculaire... Et bien pareil, si Indiana reste au box, il est en panique...

Ouaip, c'est bien ce que j'avais compris moi aussi : c'est pas tant un problème de grégarité, hein... En fait, Indiana panique non pas quand il part tout seul, mais quand son pote n'est plus à la place où il devrait être normalement, de son point de vue.

Pour les ancienNES, un cas similaire : Shagghia se contre-fiche de quitter sa mère pour aller bosser, pour aller en balade ou n'importe quoi. En revanche, si on tente de faire sortir sa mère du pré sans elle, ou si on s'avise de déplacer temporairement sa mère, alors je pourrai même pas vous décrire l'état de panique dans lequel elle se met :-((

En fait, certains chevaux ont un gros problème avec l'inhabituel... Du coup, ça rejoint les conseils qu'ont donnés les autres plus haut : faire en sorte que ça devienne habituel en y allant très progressivement (le jeu des aller-retours, super !), mais régulièrement.

C'est vrai que c'est finalement lorsque je lui ai demandé de faire des exercices qu'ils s'est détendu et s'est intéressé à moi... Il a d'ailleurs très très bien travaillé...
Je pense pour ma part qu'il est un peu inquiet pour son frère (car oui, ils sont 1/2 frères !!)
Il faut dire qu'il y a un an, Ténor a bien failli mourir et j'ai assisté à une scène très touchante: Ténor n'arrivait plus à se lever dans son box et le véto (peu confiant) m'avait dit de le relever en le soulevant (merci la pelleteuse de mon mari et le fait qu'il sache la manipuler), et de le mettre au pré parcequ'il se ferait moins mal s'il retombait... Et il est retombé... Indiana qui était avec lui à ce moment-là est venu nous chercher sous nos fenêtres en hennissant de panique (notre maison borde la pâture), et lorsque nous sommes arrivés, il était à genoux à côté de son frère et lui attrapait l'encolure avec les dents en essayant de le relever... J'en ai pleuré !!! Puis lorsqu'il a vu que nous arrivions, il nous a laissé approcher et s'est reculé. Je l'ai rentré au box pour pouvoir manœuvrer plus facilement avec la pelleteuse pour relever Ténor, et tant que son frère n'était pas rentré en box près de lui, il l'appelait, dans un état de panique proche de ce qu'il reproduit aujourd'hui... C'est comme si dans son esprit, le fait que Ténor soit au pré sans lui était un risque de danger... Après, je suis d'accord avec vous, il faut les habituer et leur démontrer que cette situation n'est pas plus risquée que lorsqu'il reste au box... D'autant que finalement, le pauvre Ténor, lui, apprécie de brouter tranquillement plutôt que d'être enfermé pendant qu'Indiana travaille... Je vais appliquer vos conseils, et pourquoi pas, demander plus tôt le travail à Indiana dans la séance, au lieu d'attendre qu'il soit calmé... Et dès qu'il se pose et se détend, hop, je l'amène avec son frère au pré... Pour qu'il assimile que plus il se détend sur la situation, plus vite il le retrouve... Ah là là, je vous jure, qu'est qu'ils nous en font voir et qu'est ce qu'il nous font nous creuser la tête.... MAIS QU'EST-CE-QU'ON LES AIME !!!!!

Pour l'épisode du cheval qui tente de relever son pote, ça n'a rien à avoir avec le lien de parenté, c'est quelque chose d'assez fréquent. Un jour, à l'écurie où j'étais avant, le gros Sherpa (600 kg, très bulldozer dans ses déplacements) a renversé la vieille Prisca (vieux sac d'os qui vivait ses derniers jours, pauvre vieille). Il était vraiment désolé de sa bêtise, et il essayait de la relever en l'attrapant par le garrot...

Ah non, mais oui... Je n'ai jamais dit que son attitude avait quoi que ce soit à voir avec leur lien de parenté, parce qu'il est clair qu'ils n'en savent rien... Je me demande juste si la trouille qu'Indiana a eue de sentir son pote au sol, vulnérable, dans cette pâture, n'est pas pour quelque chose dans le fait qu'il est inquiet quand il le sait là-bas tout seul, c'est tout !!!
Mais même là, je pense que je fais trop d'anthropomorphisme... Simplement, je crois qu'il est rassuré de pouvoir gérer Ténor lui-même, d'autant plus depuis qu'il est aveugle et qu'il a besoin de voir qu'il peut me faire confiance, que je ne le mets pas dans des situations dangereuses...