Hier je suis allée voir Linda Parelli en auditrice dans le cadre d'un stage qu'elle donnait sur trois jours.
J'essaie de vous faire un compte-rendu résumé et clair
Le contexteLe stage se déroulait à Equidéo, la structure créée par Sarah Fricoteaux (Saka sur ce forum pour celles qui l'ont connue) dans l'Hérault. C'était un stage de 3 jours, j'y suis allée le 2e jour. Le premier jour était consacré au travail à pied, dans le détail (thérie + pratique). Le deuxième jour, nous avons vu le rappel du travail du premier jour en carrière, puis les couples sont allés travailler sur le "parc de jeux" de Equideo (mélange de PTV et de cross) et l'après-midi, c'était la présentation des premiers exercices montés. Le troisième jour devait être consacré au travail monté, en allant plus loin dans les "paliers" du programme de Linda Parelli.
Le programme de Linda ParelliIl s'intitule "Happy horse, happy life".
Linda a expliqué que pendant toutes les années (30 !) où elle a participé à expliquer, diffuser et compléter le programme Parelli, elle a constaté qu'il y avait encore des lacunes dans ce programme. Car il leur arrivait de rencontrer régulièrement des couples qui, bien que maîtrisant les outils du PNH (exercices, RN, phases...), se trouvaient toujours confrontés à des difficultés comme : manque de confiance du cheval, peurs en extérieur, grégarité, cheval automatique...
Après son divorce, n'ayant plus le droit de former les gens au PNH, ni d'en utiliser les outils (y compris ceux qu'elle avait créé, notamment les horsenalities), et après une période de doute sur ce qu'elle allait faire, elle a finalement choisi de créer (à plus de 60 ans !) son propre programme, en essayant d'apporter des éléments qui manquaient au PNH.
Bien-sûr, on retrouve beaucoup de points communs avec le PNH, à commencer par les outils utilisés, la gestuelle, l'utilisation du RN, certains exercices, l'objectif d'autonomie du cheval, ou celui de mettre la relation au coeur du travail. Mais la progression dans les activités et les objectifs est différente. Et Linda met beaucoup l'accent sur la recherche du bien-être et du confort pour le cheval (et donc pour le cavalier).
Le programme est présenté sous la forme d'un coeur, dans lequel sont inscrits les 10 paliers de progression pour le couple. Dans l'ordre :
1 - la connexion
2 - la relaxation
3 - la réponse
4 - la confiance
5 - l'impulsion
6 - la flexion
7 - l'harmonie
8 - l'agilité
9 - le but
10 - la puissance
[Je n'ai pas noté les mots en anglais, dommage ils seraient peut-être plus parlants]Les trois premiers sont les bases fondamentales. Les trois suivants sont les modules de développement de la qualité. Et enfin les quatre derniers visent la performance (notamment pour les couples qui veulent évoluer vers de la compétition). La progression n'est pas forcément linéaire et il y a des liens entre les différents paliers.
On constate par exemple que la confiance vient en 4e position seulement (alors que le jeu de l'amitié est en n° 1 dans le PNH). Linda a expliqué que le problème est rarement l'outil ou l'objet (un stick ne fait pas peur à un cheval), mais la façon dont l'outil est mis en mouvement ou utilisé par l'humain. Ou bien elle dit que si un cheval a peur de quelque chose, ce n'est pas en lui présentant et en le mettant en présence de cet objet que ça résoudra quelque chose (elle a pris l'exemple d'une personne qui a peur d'un serpent ; ce n'est pas en lui présentant le serpent et en lui disant regarde, sens, tu verras ça ne fait pas peur, que ça va résoudre son problème).
[On a aussi parlé de l'erreur de "transcription" faite en français : jeu de l'amitié -> désensibilisation]Pour Linda, ce qui est important c'est d'abord de créer la connexion avec le cheval, c'est à dire de créer une discussion avec lui : qu'il nous regarde, qu'il pose des questions, qu'il fasse attention à nous (la connexion ce n'est pas l'obéissance). Ensuite il faut rechercher sa relaxation. Puis on travaille sur son "obéissance" : c'est nous qui décidons de ce qu'il doit faire, et ensuite on le laisse prendre en charge son job (la réponse). Alors seulement on peut travailler sur ses peurs (exercice du touch it par exemple) et sa confiance en nous (avec nous c'est confortable = the best place to be). Bien-sûr il y a toujours des aller-retour entre ces modules.
Ce qui m'a marqué-
Le temps passé à attendre que le cheval se détende réellement après un moment de montée en pression : plusieurs minutes
- Par conséquent,
l'attention portée aux signes de décontraction du cheval : clignement des yeux, mâchouillement, tête qui descend, bâillements, ébrouement, souffles d'air, pipi, caca, et stade ultime : se rouler !
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Le temps passé à expliquer à un cheval quelque chose qu'il ne comprend pas ou contre lequel il résiste, en étant ferme (pas d'autre solution possible) mais patient et doux
Par exemple, le soir nous avons eu la chance de voir Linda en démo travailler avec une jument de Sarah. En fin de démo, elle a mis la jument en liberté. Celle-ci est restée près de Linda (elle venait de travailler une demi-heure en longe, donc c'était logique). Puis à un moment elle a eu peur de quelque chose (c'était une jument très expressive et explosive) et elle est partie comme une bombe à l'autre bout de la carrière en soufflant comme un dragon. Elle a beaucoup galopé. Linda s'est contenté de faire tomber la cordelette du stick sur le sol (elle ne frappait jamais la cordelette) à chaque fois que la jument aurait eu la possibilité de revenir vers elle mais qu'elle ne le faisait pas, pour lui dire "ce n'est pas la bonne réponse". Ca a duré plusieurs minutes et on n'avait pas l'impression que la pression retombait pour la jument. Jusqu'à ce que à un moment elle finisse, tout en galopant comme un zébulon, par regarder rapidement Linda, qui a alors légèrement reculé, et la jument est venu s'arrêter devant elle ! Ca avait un côté un peu magique. Ensuite RIEN pendant plusieurs minutes (même pas de caresses, ou de "ouiiiiiiii c'est bien"), attendre que la pression retombe et que la jument se détende complètement, vraiment.
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La mollesse des bras et de l'utilisation du stick : la cordelette ne claque jamais ou presque
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L'importance de la position et les conséquences de nos gestes quand on est en selleLinda a fait faire un exercice de simulation à une cavalière. Celle-ci était à quatre pattes et représentait le cheval ; Linda faisait le cavalier assise sur son dos (sur ses reins en fait) et ensuite simulait différentes actions du cavalier, par exemple juste baisser le regard. Immédiatement, la nana en dessous a senti le report de poids vers l'avant que ça impliquait pour elle, la gêne, le déséquilibre
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Le fait de ne jamais mettre de la pression à un cheval pour qu'il fasse quelque chose. Il doit le faire parce qu'il pense tout seul à le faire. Par exemple : ne pas lui dire (ni avec notre voix, ni avec notre corps, ni avec notre stick) "Vas y, vas y, vas y" devant un obstacle. On l'envoie, on lui dit que son job c'est d'avancer, mais quand il arrive devant l'obstacle, on ne remet pas un coup de pression pour qu'il passe. Si il passe, tant mieux. Si il s'arrête, on lui laisse le temps d'observer, de se détendre, puis on le remet sur un cercle au trot et on le laisse faire son job, autant de fois qu'il faut pour que de lui-même il se dise, je vais essayer de passer par-dessus l'obstacle (que mon idée devienne son idée...). Donc se détendre complètement une fois que le cheval est parti au trot sur son cercle. On a eu l'exemple avec un jeune cheval de 3 ans non débourré, qui n'avait jamais sauté d'obstacle, qui a eu besoin de 6 ou 7 essais et qui a fini par sauter un tronc dans le calme. Linda fait le pari que en procédant comme ça à chaque fois, le cheval finit par comprendre qu'il n'y a pas de danger à sauter un obstacle quel qu'il soit.
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L'utilisation du stick de haut en bas pour attirer l'attention du cheval à nous