Emeline, j'ai bien eu envie de jeter mon laptop par la fenêtre.
Bon.
Je recommence.
Première partie : le cuir, son choix.
Pour cette partie je ne peux que créditer mon cher Nicolas Perrine qui a fait ce reportage chez Antarès pour Cheval Annonce, moi en cuir j'y connais (pour l'instant) rien. J'ai juste fait la mise en forme et la relecture de ce texte, qui m'en a appris beaucoup. Le reportage devrait être mis en ligne sur CA dans quelques temps, je vous ferai passer les liens où il y aura des photos intéressantes pour le complément d'infos.
L’animal dont la peau provient, les méthodes de tannage et de coloration employées sont autant de caractéristiques qui déterminent l'usage et la qualité du cuir.
Le cuir est un produit résistant, durable dans le temps, imputrescible issu de la transformation d’une peau animale. On peut théoriquement transformer n’importe quelle peau en cuir par l’opération de transformation de la peau appelée tannage.
La sélectionEn sellerie, on utilise principalement les cuirs suivants :
• Le cuir de vachette tanné végétal. La peau de base est celle d’une vachette tannée grâce à des éléments végétaux, et notamment d’écorce de chêne. Le tannage est effectué sur une peau à plat. Ceci permet d’obtenir un cuir rigide et résistant, qui sera employé pour les parties comme les quartiers, les faux quartiers ou les petits quartiers. On l’emploie aussi dans la conception de briderie, où il est plus fin. Le cuir de vachette peut être lisse ou grainé.
• Les cuirs chromés sont tannés à partir de solutions contenant du chrome. Ceci permet d’obtenir des cuirs plutôt souples, qui ne s’étirent pas trop et résistent à la traction. Ils sont employés dans la réalisation des contre-sanglons.
• Les cuirs gras sont des cuirs dont le tannage est effectué dans un foulon (un tambour qui va maintenir la peau en mouvement pendant son tannage). Les peaux d’origines étant naturellement souples, les cuirs obtenus sont donc plus souples et élastiques que le cuir de vachette par exemple. Ils seront employés pour les parties nécessitant cette souplesse, soit pour des raisons techniques, soit pour des raisons de confort : le siège, les avancées de quartier, l’habillage des panneaux. En sellerie, ces peaux sont de trois types : le cuir de porc, qui tend à disparaître en raison de son coût prohibitif et de la difficulté à trouver des fournisseurs, le cuir de veau ou de taurillon (qui est plus âgé que le veau, mais pas encore adulte, les peaux sont à peu près identiques) et le cuir de buffle (la plupart du temps nubucké).
On peut trouver des créations artistiques à base de cuirs de reptiles, ou de volatiles comme l’autruche, mais ces objets de collection ne sont généralement pas utilisables pour pratiquer l’équitation. Ils témoignent néanmoins d’une maîtrise certaine de la part de l’artisan, ces peaux étant très délicates à manipuler.
Un trip de chez Devoucoux...
J'ai même vu à EquitaLyon y a 2 ans une sellerie qui proposait des brides avec des incrustations en cuir "galuchat" (du cuir de raie manta, genre). Ca coûtait un bras.
La vérification
La sélection des cuirs est primordiale à la qualité du produit fini : une selle de qualité ne peut être fabriquée qu’avec des cuirs de qualité. Or la peau « parfaite » n’existe pas. Le sellier devra donc étudier attentivement le cuir afin d’en repérer les défauts pour pouvoir écarter les zones défectueuses de la fabrication.
Les défauts les plus évidents soient visibles à l’œil nu (marque de barbelé, de coup de corne, etc.…) ; de nombreux défauts nécessitent cependant la main experte de l’artisan pour être détectés. En passant la main sous la peau, en tendant la peau à l’aide de ses doigts, il va repérer les zones les plus fragiles du cuir, qui seront ensuite marquée à l’aide d’un stylo à pointe d’argent pour les écarter de la fabrication.
Un sellier rigoureux n’emploiera que des cuirs dits pleine fleur.
La fleur, en opposition à la chair, est la face du cuir qui correspond au derme (la face extérieure de la peau). C’est cette partie qui est soumise aux agressions : pluie, vent, neige, grêle, coups, chocs… Cette couche est donc la plus résistante de la peau, mais également celle sur laquelle les défauts sont les plus visibles.
Une astuce pour masquer ces défauts consiste à poncer légèrement la fleur : on obtient alors un cuir dit « à fleur rectifiée ». L’avantage, c’est que l’on fait « disparaître » des défauts trop visibles. L’inconvénient, c’est qu’il réduit l’épaisseur de la fleur : le cuir perd ainsi en résistance. Dans certains artisanats, cela ne pose pas de problème. Mais un cuir de sellerie va subir de nombreuses contraintes, sera exposé au sable, à la poussière, à la transpiration du cavalier et du cheval et aux sels qu’elles contiennent. Il est donc impensable d’employer un cuir qui ne soit pas « pleine fleur ». Le travail de sélection consiste donc à vérifier que le cuir est bien pleine fleur.
La découpeUne fois les peaux sélectionnées, vérifiées et marquées, elles vont être découpées. Il existe deux méthodes pour découper un cuir : la découpe à l’emporte-pièce et la découpe à la main.
La découpe à l’emporte-pièce se fait à partir de formes fabriquées à l’avance, les « emporte-pièces », qui permettent de découper une forme toujours identique dans le cuir. Il y a des emporte-pièces à la main, que l’on frappe à l’aide d’un maillet sur le cuir : on s’en sert pour découper des petits morceaux de cuir, comme les trous dans les contre-sanglons. Et il y a les emporte-pièces utilisés dans une presse, qui servent à découper certaines parties comme les quartiers, les faux quartiers, les contre-sanglons, les petits quartiers, … La découpe à la presse permet une grande constance des formes et un énorme gain de temps. Bien entendu, elle est contrôlée d’un bout à l’autre par un opérateur humain : le magasinier-coupeur. Celui-ci, comme son nom l’indique, s’occupe aussi de la gestion du stock de cuir, et donc de la vérification des peaux.
L'emporte-pièce que tout le monde a déjà vu... c'est pas le même que dans les selleries mais c'est toujours une illustration.
Le couteau à pied, plus traditionnel, est employé pour la découpe des peaux délicates ou des pièces sur mesure. La pièce est d’abord dessinée, puis un patron est fabriqué à partir de ce dessin, qui servira de guide pour la découpe. Le patron es reproduit sur la peau à la mine d’argent, et le sellier n’a plus qu’à découper en suivant la ligne.
L’évolution technologique a fait apparaître des méthodes de découpes plus avancées, grâce à un appareillage laser qui permet de « scanner » la peau, d’en repérer les défauts, et d’effectuer ensuite la découpe (au laser) en tenant compte de ces détails. Ce type d’appareil permet un gain de temps (et donc une réduction des délais) et un meilleur rendement au niveau des peaux sans perte de qualité. Il est bien évidemment extrêmement coûteux.